Billet de novembre
Lors d’un voyage en voiture, nous croisâmes un puis deux cyclistes, puis un véritable peloton. Notre fille de 5 ans qui venait d’apprendre à lire s’exclama « oh, un troupeau de cyclistes ! » Nous lui répondîmes que non, que ce n’était pas un troupeau, mais au fait, … pourquoi ? Troupeau contient le radical « tr » que l’on retrouve dans le chiffre trois, et qui nous renvoie au système de comptage primitif de notre cerveau : un, deux, trop. Je renvoie le lecteur à l’excellent livre de Stanislas Dehaene, la bosse des maths, pour s’en convaincre.
La différence avec une troupe saute aux yeux : le mot « troupeau » s’applique à un ensemble de ruminants attendant chacun dans leur coin, mais ensemble, d’être traits, tondus ou mangés. Une troupe mène une action coordonnée et collective pour gagner la bataille. Et quelle est la place de la personne dans l’un comme dans l’autre ?
Ainsi, en examinant mes actions quotidiennes, suis-je troupe ou troupeau ?
Est-ce que je réfléchis au sens de mes actions ou est-ce que je fais comme les autres ?
Est-ce que je respecte d’abord les personnes – et moi-même –, ou est-ce que je remplis le processus ?
Est-ce que je prends des initiatives, ou est-ce que je me contente de faire des fiches ?
Plus personnellement, je me sens « troupeau » lorsque . . . . . . .
Et je me sens « troupe » lorsque . . . . . . .
Paradoxalement, l’individualisme qui se veut libre pencherait plutôt du côté troupeau. D’ailleurs, vu du dirigeant, un troupeau est moins dangereux qu’une troupe.
Fondamentalement, la gestion de carrière ne peut être celle du troupeau car on ne saurait pour exprimer ses talents faire « comme tout le monde ». Chacun possède une individualité, des qualités propres, et un service spécifique à rendre. En les cultivant, on se rend alors apte à mieux servir les personnes avec qui l’on vit, ainsi qu’un objectif commun qui nous dépasse, et qui mérite qu’on se mobilise.