billet de mai
Qui n’a jamais pesté en cherchant un mot de passe perdu, noté uniquement lors de sa création en étant sûr qu’on s’en souviendrait ? A coup sûr, on aurait eu intérêt à le noter quelque part… ailleurs.
Lorsqu’on reçoit un coup de fil d’un interlocuteur important et que le numéro s’affiche, avons-nous pris le pli d’inscrire le nom de la personne dans notre smartphone ?
Lorsqu’on délègue, un temps appréciable se passe à définir le cadre d’action et les résultats attendus. Mais on oublie souvent de se noter pour soi-même ce qu’on a confié, de manière à vérifier, plus tard, que l’action est bien effectuée. Et comment contrôler si l’on ne sait plus ce qu’on a délégué.
De même quand on décide. Je sais gré à un directeur de programme, sur les chantiers de sous-marins, d’avoir expliqué au jeune ingénieur que j’étais que toute dépense devait être notée deux fois : une fois pour le marché, une fois pour le budget.
Finalement, une bonne partie du management ne consisterait-elle pas à introduire le chiffre deux dans son activité ?
Dans un premier temps, dupliquer les données pour permettre d’en avoir deux vues identiques en des endroits différents. S’appuyer en quelque sorte sur deux jambes pour bien marcher.
Puis progressivement, goûter à la différence des points de vue : d’en haut ou d’en bas, ce qu’on pourrait comparer à vue en liste ou vue détaillée, de droite et de gauche, pour construire une vision stéréoscopique, pour moi ou pour l’autre, afin de confronter les intérêts.
Enfin, se dédoubler soi-même dans cet exercice. Cerveau droit et cerveau gauche : l’analyse rationnelle est-elle confirmée par l’intuition ? Conscience et décision, pour donner sens à nos actions. Yin et yang : n’y a-t-il pas une qualité dans le défaut et un défaut dans la qualité, et comment compléter nos qualités par nos qualités complémentaires ? Car comme le rappelle CG Jung, « mieux vaut être complet que parfait. »