billet d’octobre
« Je ne viendrai pas pour des raisons que j’ignore. » Voici la merveilleuse réponse que fit jadis un ministre sénégalais à un jeune GM coopérant qui l’invitait à une réunion. Pour étonnante qu’elle soit, cette réponse reste frappée au coin du bon sens. Nos raisons de faire ou de ne pas faire, de décider ou de ne pas décider sont-elles toujours explicites et doivent-elles toujours avoir une raison rationnelle ?
Il est facile de démontrer que nos raisons « officielles » ne sont souvent que des auto-justifications qui nous rassurent dans un comportement qu’au fond, nous savons inadapté : ne pas aider une personne conduit à en penser du mal ; renoncer pousse à se dire qu’on n’aurait pas pu faire autrement ; on peut bien frauder puisque tant d’autres fraudent… En clair, nos bonnes raisons ne le sont pas tant que cela !
Parfois, par faiblesse ou bonne éducation, on accepte les raisons des autres pour notre compte. « Tu ne peux pas faire cela ! » « Et si je le faisais, que se passerait-il, c’est ma décision après tout, pas la tienne ? »
De l’autre côté, de même que nous sommes tous uniques par notre physique, nous avons tous une mission unique à rendre, un service particulier à apporter tant que nous vivons. Avec Jung, on considère que cette mission est au cœur de notre inconscient. Elle est donc non explicite mais nous en sentons la pression en nous, nous en entendons la musique même si nous ne comprenons pas les paroles, nous vibrons dans certaines situations, nous sommes anormalement émus devant telle image.
Aujourd’hui, dans ce que nous faisons, quelle est la part des fausses raisons qui nous font accepter ce qu’au fond, nous ne voulons pas, et quelle est la part du malaise, du trouble qui nous pousserait à changer de comportement avant qu’une fausse raison de plus nous dise : « tu ne peux pas, c’est toujours comme cela, c’est trop tard. »
Finalement, accepter que nous ayons des raisons que notre conscient ignore, n’est-ce pas la sagesse ?