S’écouter pour éviter le burn-out

billet de novembre

J’ai un ami excellent manager. Solide, fiable, efficace, apprécié de ses collaborateurs, il a gravi les échelons de son entreprise pas à pas. Le mois dernier, il venait une fois encore de publier des résultats trimestriels excellents, et son boss lui a demandé de préparer le plan de performance pour l’année prochaine, à l’occasion d’une visite exceptionnelle de sa directrice générale.

Il s’y est donc attelé avec son énergie habituelle dans cette fin d’année déjà chargée. Le lundi jusqu’à 23 heures, et mardi 22h30. Mercredi soir, il a compris qu’il aurait moins de moyens l’an prochain pour tenir des objectifs supérieurs, comme c’est le cas depuis trois ans.

Jeudi, il s’est demandé comment annoncer cela à ses équipes qui le suivent par amitié et à qui il avait promis que c’était le dernier effort. Vendredi, tous les chiffres étaient vérifiés. Samedi à 7h, de nouveau au bureau, il a repassé en revue tout ce qu’il allait dire, l’enchainement des idées, l’esthétique des planches. A 22h, il était fin prêt.

Pourtant, en se réveillant dimanche, la vérité lui a sauté à la figure : « est-ce bien moi qui vais présenter cela ? J’ai préparé toute la semaine un plan avec lequel je suis en désaccord total. Et il faudra ensuite que je l’applique moi-même. Non, je ne le ferai pas. » Blackout, rupture, burn-out.

Il a dû se faire hospitaliser quinze jours. Depuis, tout se remet en place : les signaux faibles qu’il n’a pas voulu ou su entendre, son prédécesseur – trop fragile, disait-on – qui a brutalement quitté l’entreprise, l’impossibilité de faire remonter les difficultés. Et la volonté de ne plus se laisser enfermer dans une nasse. Inutile de préciser le nom de l’entreprise, cela peut arriver à chacun, partout.

Soyons donc attentifs aux signaux faibles, intérieurs comme extérieurs. Suis-je en accord avec ce qu’on me demande de faire ? Suis-je jaloux de mes collègues ? Est-ce qu’on me trouve anormalement tendu ? Les inévitables aspects négatifs sont-ils compensés par des aspects positifs, ou au minimum des perspectives d’évolution ? De quelles relations humaines est-ce que je peux me nourrir ? Au contraire de notre intelligence, notre corps nous prévient toujours.

Ecoutons-le pour changer à temps !