D’où venons-nous, que sommes-nous, où allons-nous ?

Le sens, une notion à double sens

« Le problème avec les jeunes ingénieurs, c’est qu’ils veulent faire un métier qui a du sens. » Ils partent en césure (une cinquantaine à l’X contre la moitié l’an dernier), s’investissent dans l’humanitaire et l’argent n’est pas leur moteur.

La question du sens ne date pas d’aujourd’hui. A chaque époque, on s’est posé et on se pose cette question bien formulée par Gauguin : « D’ou venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? »

Je voudrais ici insister sur le sens du sens. Faire un métier qui a du sens, y trouver du sens, c’est en quelque sorte recevoir. C’est comprendre les événements qui nous touchent, ce qu’ils nous montrent, ce qu’ils veulent nous dire ? Pour qui y est attentif, les coïncidences ne manquent pas dans notre vie, ce qu’on appelle « synchronicité ».

Cependant, malgré tous nos efforts, il arrive qu’on n’y parvienne pas, que rien de lisible ne se dégage. C’est à la fois très déprimant, et peut sembler injuste vis-à-vis de ceux qui semblent y réussir. Mais à y réfléchir, peut-on tout comprendre, et peut-on savoir ce qui se passe dans la tête des autres pour qui tout semble si facile ? Le temps passant, chacun peut connaître ces périodes de vide. Elles ne sont pas mauvaises en soi mais précèdent souvent une croissance personnelle.

Alors, on entre dans la seconde direction du sens, celle de donner. Donner volontairement une signification à ce qui nous arrive, rendre signifiant ce qui pourrait sembler absurde, et même « offrir » ce qu’on ne comprend pas comme relevant d’un sens supérieur, et qui nous échappe pour le moment. Un jeune ingénieur nous a récemment raconté une traversée de l’Atlantique à la voile avec 12 jours de piaule. Froid, faim, mouillé, secoué, mal de mer. Au bout d’un moment disait-il, soit on subit, soit on prend en compte des capacités limitées pour faire son quart, faire confiance, faire de son mieux. L’exercice de cette liberté – qui existe toujours – nous fait sortir de la position de victime et remplit de vie ce qui nous entoure.

Pour nous donc, comment traversons-nous les tempêtes ? Et quel sens comptons-nous donner à notre carrière ?

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