Comment évoluer en douceur
Avez-vous déjà regardé un nourrisson ? Ses mouvements sont entiers, surprenants, non retenus, ne s’arrêtant que par l’élasticité des articulations… ou un obstacle. C’est que, disent les experts, il n’a pas encore de contrôle musculaire et que le muscle agoniste (celui qui fait agir) n’est pas équilibré par le muscle antagoniste. Assez rapidement cependant, un équilibre s’établit entre celui qui tire et celui qui retient, entre biceps et triceps, nous donnant fluidité, précision, force dans nos gestes.
Dans nos vies de même, nos actions répondent à un équilibre subtil entre des forces qui nous poussent à agir et d’autres qui nous retiennent, entre des envies et des résistances. Ainsi, l’envie de changer de job est-elle contrebalancée par la crainte de ne pas trouver mieux ; la capacité d’initiative est-elle inhibée par la peur d’un reproche ; et même l’écoute s’oppose-t-elle au risque de ne plus maîtriser ses idées propres.
Les frictions au point de contact sont plus ou moins élevées, selon l’intensité de chacune des forces en jeu. Trop fortes, elles tendent à immobiliser et se manifestent par de la fatigue. Ainsi, une envie trop longtemps contrariée peut s’épuiser et se transformer en dépression : plus de friction, ni de fatigue, mais du dégoût.
A l’opposé parfois, on aimerait faire fi, se séparer de l’une des forces en nous. Un coaché, considérant sa partie résistante, lui déclara récemment « dégage ! ». Même s’il existe des méthodes pour cela, il semble dangereux de se priver d’une part de sa propre histoire. On risque de se trouver comme un dératé, qui a perdu toute sensation de fatigue jusqu’à s’effondrer sans prévenir. Perte d’équilibre !
Alors, comment changer ? Plutôt que rêver à l’impossible ou se faire violence, il est possible de modifier nos équilibres en douceur. Nos forces agoniste et antagoniste ont une raison d’être présentes, Considérons qu’elles nous veulent du bien, même si parfois elles s’y prennent mal. Alors, en les considérant successivement, examinons leurs raisons : pour celle qui veut changer, que veut-elle vraiment pour nous ? A quel rêve (ou ambition) répond-elle ? Pour celle qui résiste, est-ce une peur ancienne datant d’une époque où nous avions moins de ressources ? De quoi veut-elle nous protéger et comment la prendre en co
mpte ? De la sorte, en entendant et en
intégrant ce bien qu’elles nous veulent, nous pourrons nous autoriser à entrer en mouvement sans casse, et à devenir davantage nous-mêmes.