Kurt Von Hammerstein, général prussien atypique (1878 – 1943) et commandant suprême de la Reichswehr jusqu’en 1934 est resté célèbre pour la typologie qu’il appliquait à ses officiers : « Je distingue quatre espèces. Il y a les officiers intelligents, les travailleurs, les sots et les paresseux. Généralement, ces qualités vont par deux. Les uns sont intelligents et travailleurs, ceux-là doivent aller à l’état-major. Les suivants sont sots et paresseux ; ils constituent 90 % de toute armée et sont aptes aux tâches de routine. Celui qui est intelligent et en même temps paresseux se qualifie pour les plus hautes tâches de commandement, car il y apportera la clarté intellectuelle et la force nerveuse de prendre les décisions difficiles. Il faut prendre garde à qui est sot et travailleur, car il ne provoquera jamais que des désastres. »
On peut se demander si cette typologie, un brin provocatrice, ne s’appliquerait pas à nos organisations, à quelques pourcentages près… A en croire Bill Gates parlant de ses choix de recrutement (« I will always choose a lazy person »), une personne paresseuse cherche toujours un moyen plus simple et plus rapide de résoudre un problème. Pour Warren Buffet, « les études complexes et les écoles de commerce récompensent la complexité au détriment de la simplicité. Dans les faits, la simplicité est presque toujours plus efficace ». Les ingénieurs pourraient aussi s’appliquer ce conseil, eux qui apprennent, parfois dans la douleur, à maîtriser la complexité par l’intelligence et le travail. Selon Warren Buffet, l’homme travailleur et consciencieux disperse son esprit dans autant de questions qu’il y a de problèmes. A l’inverse, le paresseux se concentre sur les problèmes véritablement importants pour finir son travail au plus tôt.
Nous faudrait-il apprendre à moins travailler pour mieux décider ? Commençons déjà par nous réapproprier les valeurs de la simplicité, pratique essentielle dans notre vie remplie de surinformation et de complexité.
(écrit avec la complicité de Pierre Schanne).