On nous vante souvent la « zen attitude », permettant de rester détaché de tous les tracas qui noircissent notre quotidien : le désordre à la maison, les enfants en retard, les transports en grève, les bouchons, les difficultés dans notre journée, les dérangements quand nous sommes à notre tâche, les oublis…
Je ne sais pas pour vous, mais de mon côté, impossible de ne pas me laisser atteindre. Tout simplement parce que ce que je vis est important pour moi, dans l’ici et maintenant. C’est le tissu même de mon existence. Alors devant une contrariété, quand mes plans ne se passent pas comme prévu, je râle, je peste, je me dis à moi-même ou aux autres in petto des choses désagréables, je ne fais plus attention à mes proches, je maltraite mes objets, je me contrains davantage. Bref, je me cadenasse à l’intérieur moi-même, centré sur mes difficultés. De plus, comme ce sur quoi je porte mon attention grandit, mes soucis augmentent. Inutile de dire que ce n’est pas très bon pour la santé : stress, tension, insomnies pour le plus visible. Ni pour mes relations.
Je voudrais pourtant vous partager quelques clefs tirées de la « Puissance de la gratitude » pour inverser la vapeur face aux contrariétés. Lorsqu’elles surviennent, au moment où se met en place le schéma négatif : sensation désagréable, dialogue intérieur accusateur ou victimaire, projection catastrophique, déception et abattement, il est rare qu’on ne s’en rende pas compte. C’est l’opportunité de dire « STOP ». Prendre une respiration, s’accorder un break de quelques secondes, faire un pas de côté pour se voir en train de réagir.
Cela permet de reprendre la main sur l’événement et d’affirmer « c’est intéressant ». Rien qu’en le disant, plutôt qu’une exclamation négative quelconque, cela force notre cerveau à chercher justement ce qu’il y a d’intéressant. Et on est surpris par la force d’invention de notre pensée. Cette simple phrase permet aussi de transformer le souci en défi !
Puis, se dire « ce n’est pas si grave ». Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas de situation critique, mais la plupart des contrariétés peuvent être relativisées : à l’échelle d’un mois, d’un an, d’une vie, est-ce que cela aura la même importance ? Vu de Sirius comme tentaient de l’imaginer les stoïciens, cela a-t-il le même poids ? De nombreuses personnes témoignent même que tel accident de parcours a finalement été une bénédiction dans leur vie.
Prolonger en affirmant, « c’est instructif ». Que vais-je retirer de cette mauvaise passe ? Un apprentissage qui me permettra de m’organiser pour ne plus rater mon avion, un détachement d’objets ou de concepts qui me tiennent trop à cœur, une souplesse pour faire autrement, par exemple appeler au téléphone si mon email ne marche plus, et même une plus grande humilité par rapport à des jugements hâtifs, car cela m’arrive de me planter, moi aussi.
Changer de niveau en se disant « c’est drôle ». Après coup, nous aimons à raconter nos pires galères. Lorsqu’on s’est fait voler sa carte bleue, que la voiture était en panne, à l’étranger, et sous la pluie avec un portable sans batterie… Cela amuse, on est heureux et soulagé d’avoir traversé cela.
En utilisant ces simples clefs, on apprend à cultiver l’optimisme, pour en faire une habitude de vie. Accueillir ainsi les événements qui surviennent nous fait aussi regarder la vie autrement, et peut-être percevoir le sens caché de ce qui nous arrive.
Car paradoxalement, vouloir englober dans notre être ou dans notre avoir – dans notre plan pourrait-on dire – les choses et êtres qui nous entourent, loin de nous grandir, nous limite ! Nous ne sommes plus à leur écoute, prêts à en découvrir des beautés ou en recueillir des opportunités. Nous vivons en 2D au lieu de vivre en 3D. Et si nous apprenions à regarder amicalement les choses et les êtres qui nous entourent ? La gratitude en a sauvé plus d’un.